Je ne vais pas bien, et alors ?

Hier elle m’écrit un SMS et me dit qu’elle commence à se sentir mieux. Elle termine son SMS par cette phrase :

Tout n’est pas encore gagné, mais ça ira..

Cette petite phrase anodine a résonné et m’a immédiatement mis en relation avec la saison actuelle. En ce moment les arbres perdent leurs feuilles. C’est le cycle de l’automne. Et figure-toi que ça revient chaque année. Tu l’avais aussi remarqué ? Une vérité non ?
Parce qu’évidemment aussi que ce n’est pas l’été toute l’année. Les 4 saisons ne se ressemblent pas, mais réapparaissent indéfiniment année après année.

Quelques fois, l’été s’invite en hiver, ou vice versa. Quelques fois l’été se prolonge en automne ou l’hiver traîne au printemps. Sur un fond de régularité, les frontières intersaison ne sont pas précises. Mais une chose est sûre l’été ne dure pas toute l’année. Même à l’autre bout du monde, il y a la saison des pluies et la sécheresse..

Mais pour nous, notre météo personnelle devrait être sur le curseur « été » pendant 365 jours. On nous demande d’être joyeux, d’être de bonne humeur tous les jours. C’est au même degré que cela qu’il faut être. C’est comme cela que l’on est bien vu. Ce serait la clé de notre bonheur.

Ce n’est pas possible. Cela relève de la dualité de notre condition humaine. Comment apprécier la joie si nous n’avons jamais éprouvé la tristesse ?

Comment se prémunir de la colère si nous ne connaissons pas ses mécanismes ?

Comment avoir l’énergie d’aller de l’avant si nous ne faisons pas de pauses de régénération ?

La société valorise les émotions positives, mais aucun sentiment n’est négatif, à partir du moment où il ne s’installe pas durablement et où il n’est pas trop intense.

Est-ce que l’arbre à l’automne éprouve un malaise parce qu’il perd ses feuilles ?

Est-ce qu’il s’angoisse à l’approche de l’hiver ?

Est-ce qu’il se demande si le printemps va revenir ?

Imagine-tu qu’il veuille garder ses feuilles en automne pour montrer que tout va bien ?

Bien sûr que non, car il sait qu’il y a des cycles et que le printemps revient éternellement. Il sait que les énergies varient et que le temps du repos, de l’introspection, de l’enracinement a une part aussi importante que la période de la floraison et de la fructification.

Certains matins, je me lève avec une mauvaise humeur, une certaine nostalgie ou un vague à l’âme. Je ne cherche pas immédiatement à cacher cela, à avaler un truc qui me fera aller mieux. J’observe mes ressentis. J’essaye de mieux connaître cet état, d’en définir les contours, les influences sur mon corps, mon esprit. Et des fois je lâche prise sur ce que j’avais prévu de faire, car je sais que ma condition ne le permettra pas.

Est-ce que je trouve l’origine de ce mal-être ? Si oui, tant mieux, cela me donne des indices sur ce que je peux encore aller travailler dans mes croyances, mes peurs, sur ce qui me freine ou me désaccorde de mon chemin. Sinon, tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

Cela ne m’empêche pas de travailler. C’est juste différent. Je ne me vautre pas sur mon canapé toute la journée, je continue d’agir, mais avec une autre énergie.Souvent, le lendemain c’est passé. Et si cela se poursuit plus longtemps, si j’ai de la difficulté à m’en sortir je vais demander de l’aide aux Fleurs de Bach et/ou à l’aromathérapie ou à un thérapeute.

Flora est venue chercher du soutien car son mal-être s’inscrit dans la durée.

Si notre arbre ne redonne pas de belles feuilles au printemps, s’il végète, il aura besoin d’assistance. Peut-être qu’il s’est fait attaquer par un insecte, peut être que son terrain ne le nourrit plus, peut être que d’autres arbres autour l’étouffent. S’il est dans un jardin, le jardinier peut lui prêter "branche forte" ou main forte, s’il est dans la forêt, il trouvera une solution tout seul ou avec l'aide d'autres végétaux.

Tout n’est pas encore gagné, mais ça ira, sonne pour moi comme une évidence. Bien entendu que « ça ira », car je l’ai dit le printemps revient toujours. Cela dit, il n’est pas forcément aisé d’y croire quand on est au cœur de l’hiver. Inscris-le en toi comme une certitude : le printemps revient toujours !

« Tout n’est pas encore gagné » est aussi une réalité car une saison ne dure pas 3 jours. Il faut du temps pour faire une feuille, pour la perdre aussi. Et du temps pour aller puiser les minéraux, les forces de la terre pendant l’hiver et les faire exploser au printemps.

Il n’est ni bon de raccourcir le temps, ni de trop le prolonger.

Chaque émotion doit se vivre une certaine durée suivant sa cause (récente ou ancienne, intense ou plus légère).
Si tu raccourcis cette période, tu risques de voir revenir l’émotion ou la problématique, car elle n’aura pas été digérée et entièrement travaillée. Son cycle n’aura pas été complet.
Si tu prolonges trop longtemps ce moment, tu risques de t’y enliser et de ne plus passer à l’action. Tu risques donc de laisser passer le printemps.

Le vivant suit des cycles depuis la nuit des temps.

Tu peux toi aussi te définir des cycles qui te sont propres, qui sont acceptables pour toi.

Quand je me lève avec un mal-être, mon cycle personnel est de 1 jour. Si le lendemain cela persiste sans aucune cause je m’en occupe, sinon je laisse faire. Peut-être que pour toi c’est 2 jours ?

J’ai constaté que pour résoudre certaines problématiques particulières intenses et anciennes, la durée d’un autre cycle personnel était de un an. Non pas un an de mal-être, mais environ 1 an pour que ça ne me pose plus ou presque plus de soucis.

Flora a la cinquantaine et une difficulté récurrente avec un proche depuis de nombreuses années. Quand elle me dit « tout n’est pas encore gagné », je ne peux que lui donner raison. Elle et moi savons que sa problématique ne se résoudra pas en quelques jours ou semaines.

La transformation nécessite du temps, des cycles, et la feuille morte ne se décompose pas en quelques jours pour venir elle-même nourrir l’arbre.

Si toi aussi tu dis ce genre de phrase « Tout n’est pas encore gagné, mais ça ira », 

• permets-toi que ça n’aille pas. L’été n’est qu’une saison, pas LA saison
• donne toi du temps pour sortir des épreuves, ni raccourci, ni prolongé
• détermine un cycle qui t’est personnel quand tu ne vas pas bien, où tu te laisse tranquille, et où tu observe simplement ce qui se passe
• agis quand le printemps revient, mais surtout, ne le laisse pas passer.

Et rappelle-toi que c’est une certitude : le printemps revient toujours !

Je réponds aux partages et aux questions en commentaires.