Tout le problème est ce qui se joue derrière. Si je dis "oui" à l’autre alors que je n’ai pas envie, c’est que j’ai déjà calculé toutes les conséquences qu’il pouvait y avoir derrière le « non » que j’aurais pu prononcer.
Par exemple, si je dis "non"
- Est-ce que la personne va se fâcher ?
- Est-ce qu’elle m’en tiendra rigueur?
- Comment va-t -elle se débrouiller ? (eh oui, mon statut de sauveur pourrait en être affecté)
- Est-ce qu’elle va raconter aux autres que je suis une méchante personne, sans cœur et égoïste ?
- Mais aussi, est-ce qu’elle va toujours m’aimer ?
- Est-ce qu’elle va me quitter ?
- Est-ce que je pourrais être rejetée ?
- Est-ce que je vais me retrouver seule et abandonnée ?
Et ce sont ces peurs qui viennent immédiatement te faire lâcher un « oui ».Car si toutes tes éventuelles prévisions se réalisent, c’est la souffrance qui s’installe. Et cette souffrance est bien plus désagréable que de répondre au téléphone et perdre du temps précieux comme Sylvie.
Car c’est bien dans le lien, dans la relation que tout se joue.
Quand je dis "non", je me positionne, je réalise un choix, qui implique des conséquences présumées. Selon ma conception, par exemple, je suppose que si je dis « "non" » l’autre risque de ne plus m’aimer. Rien n’est moins sûr ! C’est à l’autre, face à un « "non" » de se confronter à ses croyances et ses fantasmes. Ce que l’autre fait avec ton « "non" » n’est pas ton problème.
Ta préoccupation première doit être d'exprimer ce qui te convient sans penser aux conséquences. Facile à dire quand le manque et la souffrance sont aux aguets.
Déclarer un « "non" » est d’abord un respect de soi. Est-ce que c’est bon pour moi ? Est-ce que ça va me faire grandir ? Est-ce que je vais y trouver mon compte ? Est-ce que je n’attends rien en retour ?
Le « oui » alors qu’on ne le souhaite pas s’inscrit également dans le besoin de reconnaissance. On en retire un bénéfice. Comme Sylvie qui décroche le téléphone, car elle pense qu’elle sera ainsi considérée comme gentille, qui est là pour les autres, qui a de l’empathie. Quand Sylvie écoute les souffrances de sa voisine, elle espère en retour cette reconnaissance et cette considération, en même temps qu’elle évite ses peurs citées plus haut.
Il s’agit de passer au-delà de cela afin que quand tu annonces un "oui" cela ne soit motivé par aucune crainte.